jeudi 5 septembre 2013

Loi 970 : crime d'État

Nous n'allons pas parler d'une série à-la-con diffusée sur les chaînes de télé. Mais d'une loi, la 970, votée par un État en partenariat avec d'autres.

Pour servir les intérêts de groupes agro-alimentaires, et comme s'il s'agissait de donner un nouvel exemple de comment génère-t'on une crise, une grande messe a été organisée tout le printemps dernier au casino mondialisé-pour-qui-peut, où chacun misait aussi bien avec des graines qu'avec des armes. Souvenez-vous, tous les coups étaient permis (Snowden). Aujourd'hui, le croupier est déjà parti installer sa roulette au prochain G20, et les joueurs accompagnés de leurs services juridiques en robe longue comme celle de la Mort, sirotent leurs victoires à bord de yachts dont la seule obligation d'escale —il est important de s'occuper des derniers détails— est la Colombie.

Ce pays connait depuis juin une grève des agriculteurs, qui est en train de se généraliser : industrie pétrolière, mineurs, routiers, santé, rejoint dernièrement par un lot de 20.000 étudiants.

En Europe, au moins de juin, une loi, qui interdit l'échange de semences entre voisins de quartier, a été proposée par la Commission.
En Colombie, au même mois de juin, une loi sortie du chapeau d'accords internationaux pour la paix (toujours), somme le gouvernement colombien de créer une situation de monopole (légal, donc) sur les semences importées, soi en faveur des groupes "agro-alimentaires" qui s'accaparent des terres, les déforestent, puis engagent des milices paramilitaires pour la jardinerie. Contre ses propres agriculteurs, l'État colombien, main dans la main avec ses grands propriétaires, file fric et feu vert à Cargill, Syngeta, Limagrain, Monsanto, Mahrev etc., afin qu'ils installent ça et là leurs accélérateurs darwiniens de particules toutes pareilles. Si vous connaissez l'un de ces, grands, groupes pour la plupart européens, chinois, japonais, américains, russes, vous les connaissez tous : leurs méthodes sont identiques, et les dirigeants se contentent de jouer au jeu des chaises musicales entre tête de la banque, tête de la boîte, tête de l'État... les têtes s'enfourchent.

Au moins de juin, en Europe, celle sanguinolente de Michel apparaissait sur l'écran de sa télé. Interviewé dans son quartier cossu de Bruxelles, il exprimait sa colère à ne plus pouvoir, son dimanche, réutiliser ses semences, puis les échanger, le soir dans la semaine, avec son voisin René.

"La bourgeoisie s'est trouvée incapable de résoudre les problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : le problème colonial et le problème du prolétariat..." (Aimé Césaire)

En Colombie, le secteur agricole, qui assure la souveraineté alimentaire du pays, s'est fait labouré —au diable, les souverains. Et ont été épandues dans les champs du pays, sur le modèle de notre agriculture, les enseignes lumineuses de trusts transnationaux, termes signifiant dans la bouche d'un poète réaliste et constructiviste que je voudrais êêêtre, le gris du mélange des couleurs primaires : une multi, un état, un fond d'investissement, un grand propriétaire. La nuit, tous les chats sont gris à Las Vegas.

Mais, à Bakchich d'humeur, finalement, on s'en fout des petits colombiens comme des grands. C'est pas avec eux qu'on boit notre coca. En revanche... Michel, René, Dédé, Jean-Jacques, Youssef-et-Martine, dont les mentalités baignent toujours dans le colonialisme alors qu'ils sont certains que la lutte des classes s'est arrêtée le 31 décembre 1999 à minuit... ça, on peut en causer et se divertir avec.

"... car il s'agit là d'un même problème dont on se condamne à ne rien saisir dès l'instant où on le dissocie" (Raoul Vaneigem)

Ampoule



Les étudiants colombiens, source Bilaterals

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