mardi 17 septembre 2013

Mobilier urbain russe


La Fontaine de Bakhtchisaraï

Alexandre Pouchkine, 1824.

Quittant le Nord, laissant des fêtes,

Me trouvant à Bakhtchisaraï,

J'entrai dans les salles muettes

Et dans les jardins du sérail.

J'errai là même où le Tartare,

Fléau des peuples, odieux,

Jouissait de délices rares

Après des combats furieux.

La volupté sommeille enclose

En ce palais, en ces jardins,

Parmi les clairs jets d'eau, les roses,

Les ceps alourdis de raisins.

L'or brille aux murs en abondance;

Derrière ces barreaux d'antan

les épouses dans leur printemps

Souvent soupiraient en silence...




samedi 14 septembre 2013

Cas de zombie recensé dans une grande ville


Il dort, il fait nuit. Il se lève à moitié, il fait nuit. Il se relève, il fait nuit. Il met une tartine dans le toasteur, il fait nuit. Il entre dans sa douche, il fait nuit. Il sort de chez lui, il fait nuit. Il croise un voisin à qu'il ne dit pas bonjour, il fait nuit. Il attend dans le bus, il fait nuit. Il salue un collègue, il fait nuit. Il est assis dans son bureau, il fait jour. Il s'encourage, il fait jour. Il prend un café, consulte ses mails, il fait jour. Il répond au téléphone, il fait jour. Il prend un café, va aux toilettes, il fait jour. Il entend son collègue rentrer, il fait jour. Il entend son collègue pisser et pleurer, il fait jour. Il mange à la cantine avec sa carte prépayée, il fait jour. Il prend un café, travaille et digère, il fait jour. Il baille, il fait jour. Il s'impatiente, il fait jour. Il est pressé de partir, il fait jour. Il prend une tisane, il fait jour. Ses collègues travaillent, il fait jour. Il travaille à son tour, il fait jour. Il sort, il fait nuit. Il place un lapin dans son four, il fait nuit. Il fait une prière, il fait nuit. Il se relève, il fait nuit.

mardi 10 septembre 2013

L'insecurité encore! Cette France qui se tiers-mondialise


Cet article sera une répétition sur la sécurité. Mais on n'est jamais assez prudent.
On a déjà parlé des mystérieux  voyous qui viennent de pays inconnus et qu’il faut reconnaitre à leurs tatouages. Plus dangereux qu’un jeune des cités, plus perfide qu’un Chinois qui achète tout, plus voleur qu’un manouche,  surtout cédez  à la panique, voire à la paranoïa, il y a de quoi être terrifié jusqu’aux prochaines élections.
Cette affaire a raisonné très, très loin dans ma caboche postcommuniste. Héritière d’un Gaston Lagaffe qui a du exacerber plus d’un des meilleurs apparatchiks avec ces combines  foireuses, j’ai quelques anecdotes qui me sont soudainement revenues d’une autre vie.
Des loseurs de sicaires géorgiens qui oublient l’adresse, des faussaires roumains trop flambeurs, des athées bulgares peintres de vraies fausses icônes orthodoxes et surtout des marins russes voleurs d’une cargaison de chaussures en carton destinées aux enterrements…
Et pour ne pas reprocher un jour à la Bakchichenne de n'avoir rien dit, sachez que l’autre, celui qui est censé faire très peur, devient un fantôme.Un autre article vous l'expliquera bien mieux que moi: L’identité est notre antidépresseur, elle nous est indispensable […] L’identité est donc  un moment incontournable de la constitution de l’humain, mais elle risque de s’ériger en absolu, en dogme. Et, alors, les conflits identitaires dégénèrent en crispations communautaires et guerres de religions. Lire l'article



lundi 9 septembre 2013

Prostitution, déforestation, et échelle de Kardashev

Imaginez une bouche géante suspendue du ciel qui viendrait sucer ça et là des arbres. Du jamais vu. Et pourtant... 

L'échelle de Kardashev (Nikolaï Semionovitch Kardashev, 1932-?) a donné à l'humanité, des Papous aux traders, une feuille de route compatible avec communisme, capitalisme (la paix entre les peuples, toujours), et libéralisme (la liberté, toujours), pour les millions d'années à venir, c'est-à-dire qu'elle sera appliquée par tous les régimes politiques et économiques non-inventés encore. Toi, moi, lui, Lucie, nous, eux sommes soumis (en connaissance de cause depuis les années 60) au même destin : consommer l'énergie de l'Univers, et donner aux femmes la place d'honneur de l'être qui pompe. Avec un adjectif, proposé par le régime de la liberté patriarcale et castratrice : durable, sustainable in english.

L'équation est simple : notre civilisation est encore de type 0 sur l'échelle de Kardashev, qui va jusqu'à III. Hyperpuissant camarade, la route est par conséquent longue. Par exemple, une civilisation de type II est capable de construire une structure autour du Soleil destinée à en collecter l'énergie. C'est ainsi qu'une civilisation de type III créera des Univers. Supervictorieux camarade, tu as bien lu, et je vois déjà tes mirettes voltiger en orbite autour d'une Terre à trois Couilles. 

La route est longue... et c'est là tout le drame de cette théorie. Car quel camarade accepterait, dans les 80 pauvrettes petites années de sa vie minuscule, de ne pas vivre ne serait-ce que l'infime passage de notre civilisation d'un stade de 0.7 à 0.8 (le chiffre après la virgule est une précision apportée par Carl Sagan) ? Celui-là ne serait ni hyperpuissant ni supervictorieux, mais une vulgaire poussière cosmique, et puis, durable, d'accord, mais le camarade veut voir le résultat. Il est donc nécessaire d'accélérer les choses. Pompons, pompons, et qu'il n'en reste rien. La machine est lancée, les bloody élitistes ont le droit de se trouver une autre galaxie, avec une autre échelle. 

Tailler une pipe équivaut à 3 watts d'énergie consommée. C'est peu. Or, pour atteindre le niveau civilisationnel de 0.8, il faut mobiliser dix puissance dix-sept watts. Une seule solution : la création de bouches faméliques afin de sucer les séquoias géants des hyperpuissants camarades. 


dimanche 8 septembre 2013

Billet de camaraderie

Super-victorieux et hyper-puissants camarades,
La bakchichienne cherche inlassablement à comprendre comment on s’y prend pour alimenter l’imaginaire collectif des masses lorsque l'on écrit dans un grand journal (de droit comme de gauche). Où bien lorsque l'on papote à la télé.
La bakchichienne a choisi de manière partiale* un exemple: les cambrioleurs géorgiens
Le phénomène des cambrioleurs géorgiens est un fait divers relativement récent. Idem pour les Roms de l’Est (en tout cas pas avant 1989).
Il s’agit donc d’un transfert de message nouveau (alarmant ou pas) sur un terrain dépouillé.  Dépouillé, car nous savons peu de choses sur ces nouveaux étrangers. En effet, qui pourra citer sans réfléchir la capitale de la Géorgie ou la monnaie locale de l’Arménie, etc.
Si je ne m’embrouille pas dans mes souvenirs, il me semble que le schéma du mythe proposé par Lévi-Strauss disait que le nouveau message ne peut être transféré que lorsqu’il se greffe sur un imaginaire préexistant.
Hélas, je ne trouve ni la source, ni la citation exacte, mais grosso modo, lorsqu’ils ont donné de l’argent aux indigènes, ces derniers au lieu de faire un poker ou se mettre à spéculer avec, ont décoré leur habit. Ce qui signifie qu’ils ont détourné l’usage en se référant à leur culture de base, en greffant le message sur leur imaginaire.
Revenons aux géorgiens. Dans l’article du Frigidaire, l’image que le journaliste utilise pour illustrer ses recherches d’investigation est tirée du film Les Promesses de l’ombre de David Cronenberg. 

De ce fait, je souhaite savoir sans froisser personne, pourquoi le journaliste se base sur une œuvre cinématographique qui est par définition une fiction :
a)      Parce qu’il a lu Lévi-Strauss et il sait que tout message nouveau doit se référer à l’imaginaire préexistant. Donc, il a décidé de prémâcher ou accélérer le travail d’assimilation du lecteur (en supposant que son lecteur ait vu le film).
b)      Parce qu’il devait boucler l’article rapidement, car sa femme ovulait ce jour ? 

*En effet, la bakchichienne n’est pas très nette administrativement et psychologiquement parlant. Elle qui s’incruste dans un espace de pensée et de vie qui n’est pas le sien, a donc quelques problèmes de culpabilité identitaire.

samedi 7 septembre 2013

L'insécurité: où va-t-on?

Pour savoir plus sur les putes moldaves, les évadés de prison géorgiens, les braqueurs serbes ou autres yougos en perte d'identité, les gangs nés dans le Caucase et en Bulgarie qui attaquent dans les Deux-Sèvres ou encore le Loir-et-Cher, les terroristes transsexuels tchétchènes et les homosexuels divorcés roumains qui matent votre petit fils, révisons cette nouvelle géographie du crime ensemble! Milices privées renforcez-vous! Citoyens, installez vite des dispositifs de vidéosurveillance chez vous! Vigilance, le Mur est tombée!



Si vous apercevez ces symboles (généralement accompagnés d'une forte odeur de Vodka), n'hésitez pas à réagir sur notre forum. Les meilleurs témoignages seront publiés. Le gagnant recevra une turlutte ou autre gâterie par la rédaction (notamment par la rédactrice bulgare ou par le rédacteur mi-tchèque, un après l'autre dans l'ordre au choix ou bien en même temps, selon...) à emporter ou sur place*.
Chacun sa religion, chacun son parachute
Et je mets mon foulard quand j’vais à la turlutte
 

* jeu confidentiel, dans un esprit républicain de déculpabilisation mutuelle, sans obligation d'achat, net de taxe
 

I wrestle bears. ça alors?!

ST. PETERSBURG (The Borowitz Report)—Hopes for a positive G20 summit crumbled today as President Obama blurted to Russia’s Vladimir Putin at a joint press appearance, “Everyone here thinks you’re a jackass.”
The press corps appeared stunned by the uncharacteristic outburst from Mr. Obama, who then unleashed a ten-minute tirade at the stone-faced Russian President.
“Look, I’m not just talking about Syria,” Mr. Obama said. “What about Pussy Riot? What about your anti-gay laws? Total jackass moves, my friend.”
As Mr. Putin narrowed his eyes in frosty silence, Mr. Obama seemed to warm to his topic.
“If you think I’m the only one who feels this way, you’re kidding yourself,” Mr. Obama said, jabbing his finger in the direction of the Russian President’s face. “Ask Angela Merkel. Ask David Cameron. Ask the Turkish guy. Ask the Bulgarian girl. Ask the French gay. Ask Bakchich duw humor.  Every last one of them thinks you’re a dick.”
Shortly after Mr. Obama’s volcanic performance, Mr. Putin released a terse official statement, reading, “I should be afraid of this skinny man? I wrestle bears.”
After one day of meetings, the G20 nations voted unanimously on a resolution that said maybe everyone should just go home.
Alexander Zemlianichenko/AP
http://www.newyorker.com/online/blogs/borowitzreport/2013/09/g20-ends-abruptly-as-obama-calls-putin-a-jackass.html 

Bakchich est inconsolable

Mi-femme, mi-homme, mi- d’ici, mi- de là,

Mi-drôle, mi-enragé, Bakchich attend.

Désarmé, mais baraqué,

Dès le départ niqué,

Corruptible par le cul,

Le plan de la taule tatoué sur la main, 


Bakchich est vaniteux et vain.



jeudi 5 septembre 2013

Loi 970 : crime d'État

Nous n'allons pas parler d'une série à-la-con diffusée sur les chaînes de télé. Mais d'une loi, la 970, votée par un État en partenariat avec d'autres.

Pour servir les intérêts de groupes agro-alimentaires, et comme s'il s'agissait de donner un nouvel exemple de comment génère-t'on une crise, une grande messe a été organisée tout le printemps dernier au casino mondialisé-pour-qui-peut, où chacun misait aussi bien avec des graines qu'avec des armes. Souvenez-vous, tous les coups étaient permis (Snowden). Aujourd'hui, le croupier est déjà parti installer sa roulette au prochain G20, et les joueurs accompagnés de leurs services juridiques en robe longue comme celle de la Mort, sirotent leurs victoires à bord de yachts dont la seule obligation d'escale —il est important de s'occuper des derniers détails— est la Colombie.

Ce pays connait depuis juin une grève des agriculteurs, qui est en train de se généraliser : industrie pétrolière, mineurs, routiers, santé, rejoint dernièrement par un lot de 20.000 étudiants.

En Europe, au moins de juin, une loi, qui interdit l'échange de semences entre voisins de quartier, a été proposée par la Commission.
En Colombie, au même mois de juin, une loi sortie du chapeau d'accords internationaux pour la paix (toujours), somme le gouvernement colombien de créer une situation de monopole (légal, donc) sur les semences importées, soi en faveur des groupes "agro-alimentaires" qui s'accaparent des terres, les déforestent, puis engagent des milices paramilitaires pour la jardinerie. Contre ses propres agriculteurs, l'État colombien, main dans la main avec ses grands propriétaires, file fric et feu vert à Cargill, Syngeta, Limagrain, Monsanto, Mahrev etc., afin qu'ils installent ça et là leurs accélérateurs darwiniens de particules toutes pareilles. Si vous connaissez l'un de ces, grands, groupes pour la plupart européens, chinois, japonais, américains, russes, vous les connaissez tous : leurs méthodes sont identiques, et les dirigeants se contentent de jouer au jeu des chaises musicales entre tête de la banque, tête de la boîte, tête de l'État... les têtes s'enfourchent.

Au moins de juin, en Europe, celle sanguinolente de Michel apparaissait sur l'écran de sa télé. Interviewé dans son quartier cossu de Bruxelles, il exprimait sa colère à ne plus pouvoir, son dimanche, réutiliser ses semences, puis les échanger, le soir dans la semaine, avec son voisin René.

"La bourgeoisie s'est trouvée incapable de résoudre les problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance : le problème colonial et le problème du prolétariat..." (Aimé Césaire)

En Colombie, le secteur agricole, qui assure la souveraineté alimentaire du pays, s'est fait labouré —au diable, les souverains. Et ont été épandues dans les champs du pays, sur le modèle de notre agriculture, les enseignes lumineuses de trusts transnationaux, termes signifiant dans la bouche d'un poète réaliste et constructiviste que je voudrais êêêtre, le gris du mélange des couleurs primaires : une multi, un état, un fond d'investissement, un grand propriétaire. La nuit, tous les chats sont gris à Las Vegas.

Mais, à Bakchich d'humeur, finalement, on s'en fout des petits colombiens comme des grands. C'est pas avec eux qu'on boit notre coca. En revanche... Michel, René, Dédé, Jean-Jacques, Youssef-et-Martine, dont les mentalités baignent toujours dans le colonialisme alors qu'ils sont certains que la lutte des classes s'est arrêtée le 31 décembre 1999 à minuit... ça, on peut en causer et se divertir avec.

"... car il s'agit là d'un même problème dont on se condamne à ne rien saisir dès l'instant où on le dissocie" (Raoul Vaneigem)

Ampoule



Les étudiants colombiens, source Bilaterals

mardi 3 septembre 2013

La sextape de Manuel Valls

Prendre du plaisir.
La rédaction, perdue il y a encore peu dans les affres de la tragédie déliquescente de son propre désespoir, réagit. Désormais, nos billets véhiculerons l'amour : nous avons installé une caméra chez le ministre de l'intérieur afin que tout le monde aille en prison. Si la logique n'apparaît pas aux lecteurs, la rédaction rappelle que le ministre a la possibilité, dans ses salons ignorés, de choisir l'écran qui, parmi la dizaine de milliers affichés entre les tableaux hérités de notre passé colonial, sera celui de la sextape de ce soir. L'amour incombant que l'échange paraisse équitable, nous assumons l'entier honneur de pouvoir s'adresser d'égal à égal avec un homme de la Nation. En vue de se prémunir d'une attaque de la Ligue pour l'égalité des genres, dont le travail nuit à la domination patriarcale et castratrice*, Bakchich d'humeur inclut dans son récit une femme elle-aussi de la Nation, et réitère ses prises de position en prose réaliste lors du mariage anti-gay.

Et puis, on vous aurait écrit le véritable titre de l'article que vous n'auriez pas cliqué :

Christiane Taubira et Mauel Valls, ou étude comparée entre un trampoline et la part animale qui dicte les décisions de quelqu'un désirant ardemment un autre bien que le haïssant.

Manuel pousse la porte. Christiane fume. 
Fin de transcription.

La rédaction propose à ses lecteurs de puiser dans leur parcours personnel les images qui illustrent l'étude tout en permettant de passer directement à sa conclusion : la polémique :

À l'instar du concept de discrimination positive, et raccordant le souhait de Jésus à l'objectif de notre civilisation judéo-chrétienne, l'empathie devient obligatoire. Si bien que la réforme de la justice ne se fera pas tant que chaque individu n'aura pas été en prison, ni n'aura récidivé. Les tribunaux ont pour ordre de faciliter l'accès à la morale.



* l'intensité de la domination, illustrée par la double allitération et assonance, est un exemple de poésie réaliste.